En haut, une étude préliminaire réalisée par les cabinets Traverse et OGI pour le compte du gouvernement australien et du conseil général de la Somme. En bas, le site tel qu'il est à l'heure actuelle.
Le Mémorial australien pris en otage
Publié le 01/07/2013
Par BENOÎT DELESPIERRE
| CENTENAIRE DE LA GRANDE GUERRE |
Le projet d'aménagement des abords du Mémorial australien de Villers-Bretonneux est menacé à cause d'une querelle entre le maire de Daours et un agriculteur.
C'est une histoire très française qui embarrasse l'ambassade d'Australie à Paris et plus encore le conseil général de la Somme.
En vue des commémorations du bicentenaire de la Première Guerre mondiale, le gouvernement australien a souhaité que soient aménagés les abords du Mémorial australien, situé sur la D23 entre Villers-Bretonneux et Fouilloy. Le projet est assez simple : il s'agit de reculer la route de quelques mètres, de créer un parvis face au site et, de part et d'autre, d'aménager des places de stationnement ainsi que des aires de retournement pour les bus. Le tout devant être achevé pour le 25 avril 2014, jour de l'Anzac Day.
Le gouvernement australien donne un million d'euros
Le gouvernement australien prend une part de l'opération - coté parvis -, à sa charge, pour environ un million d'euros. Le conseil général de la Somme assure la maîtrise d'ouvrage et les travaux routiers.
Pour rendre tout cela possible, il faut la signature de vingt-huit personnes, propriétaires ou locataires des terres agricoles, des parcelles de quelques centaines de mètres carrés.
Toutes ont donné leur accord, certaines en refusant même l'indemnisation proposée, en mémoire du sacrifice des enfants d'Australie venus mourir en France il y a un siècle.
Toutes ? Pas exactement. Stéphane Richard, agriculteur, refuse de donner son accord. Et ce à cause d'un conflit qui n'en finit pas avec le maire de Daours, Gérard Hollville, où se trouve son corps de ferme. Stéphane Richard et son père, Christian, veulent construire un nouveau hangar à l'arrière de leur exploitation afin de mettre celle-ci aux normes et développer de nouvelles activités.
Or, le maire de Daours a classé la parcelle concernée non pas en zone agricole mais en zone boisée, donc non constructible. Et depuis 2009, procès et recours se suivent. En désespoir de cause, Stéphane Richard tient désormais un raisonnement tout simple : « La conseillère générale Isabelle Demaison est une amie du maire de Daours. Qu'elle intervienne auprès de ce dernier pour que cesse cet abus de droit dont je suis victime. » Avant de s'excuser aussitôt : « Jamais on ne devrait en arriver là. J'en suis désolé pour nos amis australiens ! »
« C'est du chantage, jamais je ne céderai », répond par avance le maire de Daours, qui fait état... d'un autre conflit, avec la grand-mère de Stéphane Richard cette fois, à propos d'un autre terrain que celle-ci ne veut pas vendre à la commune.
Prise en otage elle aussi, la conseillère générale, Isabelle Demaison, a demandé une médiation à la Chambre d'agriculture où une réponse est d'ores et déjà prête à être signée par le président, Daniel Roguet. Selon les services de la Chambre, l'agriculteur en cause est parfaitement légitime à vouloir s'étendre et se développer.
Cela suffira-t-il à dégager une issue raisonnable dans un conflit où la raison semble particulièrement absente ? À ce jour, rien n'est moins sûr.